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Vous
enseignez la notation à l'Académie hongroise de danse.
Quelle est la place de la notation dans le dispositif pédagogique
de l'Académie?
C'est une question délicate. La direction de la danse classique
de l'Académie de danse a malheureusement récusé
ouvertement le besoin de notation. Cependant le milieu de la danse
traditionnelle en Hongrie utilise tant la notation que cette discipline
n'a pu être exclue de la formation de formateurs. Ma chère
professeur Mária Szentpál,
le remarquable ethno-choréologiste György
Martin et son collègue notateur Ágoston
Lányi en doivent être remerciés
Enseignant la notation depuis une vingtaine d'années je commence
seulement à me rendre compte des problèmes et raisons
du peu d'efficacité de l'éducation en notation.
Je constate de mon expérience que l'enseignement de la notation
"flotte" seul au milieu des cours d'autres disciplines.
Nous enseignons la notation pour la notation et celle-ci est utilisée
seulement pour reconstruire des danses notées. C'est un serpent
qui se mord la queue : des experts font des notations pour des spécialistes.
Nous n'avons pas assez de temps pour enseigner la notation jusqu'au
niveau où elle pourrait être pleinement utilisée.
Cependant notre enseignement se focalise sur le "solfège",
les règles, l'orthographe au lieu de mettre en valeur l'analyse
du mouvement qui pourrait être reliée aux autres disciplines
de l'éducation en danse. De plus la notation n'étant
pas intégrée aux cours pratiques importants où
mouvement et méthodologie sont enseignés, il n'est pas
étonnant que les étudiants trouve la notation inutile.
Nous devons aussi comprendre cette donnée : la notation de
danse est une matière dans laquelle le savoir déclaratif
(syntaxe et analyse) requiert et se réfère
à un savoir procédural (danser), ce qui est souvent
inhabituel et "inconfortable" pour les danseurs : il y a
un écart entre une représentation textuelle (notation)
et une représentation mnémonique du mouvement en général
non consciente. Même pour un danseur exercé le transfert
de la notation en mouvement est difficile et il ou elle ressent ce
transfert lent. Sans compter que la notation devient de plus en plus
complexe dès qu'elle traite de danse en couples, de manipulations
d'objets, de références externes.
À mon sens, ces deux principaux problèmes indiquent
les orientations pour modifier l'utilisation et l'enseignement de
la notation. D'une part la notation devrait
être intégrée de toutes les manières
possibles dans les autres disciplines. Je crois que cette intégration
implique de faire des modifications dans l'utilisation du système.
Nous avons commencé ceci à l'Académie hongroise
de danse et j'ai d'excellents partenaires comme Zoltán
Farkas, Péter Lévai
et d'autres dans le domaine de la méthodologie pour l'apprentissage
de la danse. D'autre part la méthodologie
pour l'enseignement de la notation en elle-même doit s'améliorer,
et sans doute le système doit-il-être modifié,
simplifié, et s'approcher de la mémoire générale
de représentation du mouvement. Ces deux orientations de développements
pédagogiques requièrent des plans, des expérimentations,
des efforts, des soutiens, et du temps. Peut-être d'ici un siècle
pourrons-nous remarquer des avancements concluants... |
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