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Un
grand nombre de danses traditionnelles intègrent une pratique
d'improvisation. Comment prenez-vous en compte cela dans vos notations?
Il me semble que l'improvisation en danse traditionnelle suit une
approche fondamentalement différente de l'improvisation en
danse moderne. La danse traditionnelle est très structurée,
il n'y a pas d'improvisation dans l'exécution des motifs, les
courtes séquences de mouvement sont fixées. L'improvisation
se manifeste par le choix de la séquence dans laquelle le danseur
utilise ces motifs. Parfois la séquence implique une légère
modification du motif originel. Il arrive qu'un motif de base soit
augmenté ou diminué, mais rarement en cours d'improvisation
: de tels motifs deviennent des éléments constitutifs
permettant de construire la séquence improvisée.
Je note en général chaque infime mouvement - plus
la danse sera improvisée, plus détaillée sera
la notation. Une analyse ultérieure permet de discerner
le motif de base, les variations de ce motif, et de voir si l'agencement
de la séquence relève de règles d'improvisation
ou tient de la coïncidence. Pour arriver à des conclusions
pertinentes nous devons étudier un grand nombre d'exécutions
d'un même danseur ainsi qu'un grand nombre d'exécutions
de plusieurs danseurs du même village ou territoire élargi.
Dans tous les cas la notation est essentielle. Sans elle il n'y a
pas moyen de repérer les variations et "astuces"
des danseurs. C'est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit de bons danseurs
car intentionnellement ils s'ingénient à danser chaque
fois différemment. Étudier l'improvisation requiert
une bonne connaissance et de la danse et du danseur. |
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