CONTEXTE QUESTIONS A JÁNOS FÜGEDI
 
   

 
    Un grand nombre de danses traditionnelles intègrent une pratique d'improvisation. Comment prenez-vous en compte cela dans vos notations?
Il me semble que l'improvisation en danse traditionnelle suit une approche fondamentalement différente de l'improvisation en danse moderne. La danse traditionnelle est très structurée, il n'y a pas d'improvisation dans l'exécution des motifs, les courtes séquences de mouvement sont fixées. L'improvisation se manifeste par le choix de la séquence dans laquelle le danseur utilise ces motifs. Parfois la séquence implique une légère modification du motif originel. Il arrive qu'un motif de base soit augmenté ou diminué, mais rarement en cours d'improvisation : de tels motifs deviennent des éléments constitutifs permettant de construire la séquence improvisée.
Je note en général chaque infime mouvement - plus la danse sera improvisée, plus détaillée sera la notation. Une analyse ultérieure permet de discerner le motif de base, les variations de ce motif, et de voir si l'agencement de la séquence relève de règles d'improvisation ou tient de la coïncidence. Pour arriver à des conclusions pertinentes nous devons étudier un grand nombre d'exécutions d'un même danseur ainsi qu'un grand nombre d'exécutions de plusieurs danseurs du même village ou territoire élargi. Dans tous les cas la notation est essentielle. Sans elle il n'y a pas moyen de repérer les variations et "astuces" des danseurs. C'est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit de bons danseurs car intentionnellement ils s'ingénient à danser chaque fois différemment. Étudier l'improvisation requiert une bonne connaissance et de la danse et du danseur.
 
   
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